Nous avons utilisé cette approche pour examiner les mises en chantier par habitant à Calgary, à Edmonton et à Vancouver. Le ratio des mises en chantier par rapport à la population est plus élevé dans ces villes qu’ailleurs, selon les données historiques.
En théorie, cette approche suppose que les préférences et les conditions de logement sont assez semblables partout au pays. D’autres facteurs, comme le contexte économique, l’organisation industrielle et la réglementation, pourraient influencer ce ratio différemment d’une ville à l’autre.
Si les mises en chantier d’habitations de l’ensemble du pays avaient reflété les marchés les plus dynamiques en 2023, près de 430 000 logements neufs auraient été ajoutés à l’offre.
Conclusion : la réglementation et la production doivent être à l’avant-plan
Bien que le cycle économique, ou l’équilibre entre propriétaires-occupants et locataires, prenne du temps à changer, d’autres facteurs sont plus faciles à influencer et produisent des résultats plus rapidement.
Alors, que faut-il faire pour obtenir les résultats souhaités?
Le nombre de mises en chantier par rapport à la population varie selon les villes, ce qui donne à penser que la réglementation, surtout municipale, joue un rôle important dans la capacité d’accélérer la construction.
Outre le temps nécessaire pour délivrer les permis, il y a la réglementation sur le nombre d’étages et de logements des immeubles, les droits d’aménagement (certains sont réglementés aux niveaux local et régional), et sans doute bien d’autres aspects.
Selon notre Enquête sur l’utilisation des terres et la réglementation municipale connexe de 2022, Toronto et Vancouver ont des contraintes particulièrement sévères en matière d’utilisation des terrains et de réglementation. Quant à l’Alberta, elle dispose d’une réglementation plus souple qu’ailleurs. Depuis, la Colombie-Britannique a adopté des assouplissements réglementaires (en anglais seulement) qui seront mis en œuvre par les municipalités, signe d’un désir clair d’amélioration.
Le gouvernement fédéral prend lui aussi des mesures concrètes
En plus des milliards de dollars engagés et investis dans la construction et la rénovation ces 10 dernières années, il a récemment lancé le Fonds pour accélérer la construction de logements (FACL). Ce programme est conçu pour financer des changements réglementaires à l’échelle municipale afin d’accélérer la construction résidentielle.
Au moment de publier le présent article, des ententes ont été conclues avec 179 municipalités en vertu du FACL. De plus, dans le cadre du Plan du Canada sur le logement, du financement a récemment été ajouté pour conclure d’autres ententes.
La réglementation provinciale est elle aussi déterminante
Par exemple, le gouvernement du Québec tente d’assouplir les règles d’embauche des différents corps de métiers qui travaillent sur les chantiers résidentiels. Son objectif est d’accroître l’activité et la souplesse dans le secteur de la construction résidentielle.
L’éléphant dans la pièce : la façon dont nous construisons des habitations
Nous avons récemment expliqué que le secteur de la construction résidentielle au Canada est très fragmenté.
Dans l’ensemble du pays, presque 69 % des entreprises de construction comptent moins de 5 employés. Étonnamment, une seule entreprise au Canada compte plus de 500 employés, alors que nous sommes plus de 40 millions d’habitants!
La consolidation pourrait aider à générer des économies d’échelle, ce qui permettrait de rentabiliser la construction de logements abordables. La population canadienne pourra ultimement bénéficier d’une partie de ces économies.
Pendant des années, le secteur de la construction résidentielle a indiqué que la réglementation était le principal obstacle à la construction d’un nombre accru de logements. Des éléments probants montrent que des progrès peuvent effectivement être réalisés à cet égard et que tous les ordres de gouvernement s’adaptent, mais qu’il reste encore beaucoup à faire.
Récemment, j’ai affirmé qu’une vaste mobilisation était nécessaire pour régler notre crise du logement. Nous devrions maintenant entamer une discussion sur la façon dont la réglementation municipale et provinciale peut stimuler encore davantage la création de logements au Canada.
En plus des changements déjà entrepris, qu’est-ce que nos partenaires municipaux, comme la Fédération canadienne des municipalités et les décideurs des grandes villes du Canada, pourraient faire de plus afin d’accélérer la construction résidentielle?
Des discussions importantes doivent aussi avoir lieu avec les employeurs, les syndicats et les travailleurs du secteur de la construction résidentielle. Que sont-ils prêts à faire pour accroître les mises en chantier et permettre au Canada de construire selon sa capacité maximale, en échange d’une souplesse réglementaire accrue?